Soirée-débat sur la Violence dans les lieux de formation

14 janvier 2019, au Théâtre Lucernaire à Paris

Cinq ans après le colloque Violences et Soin qui s’est tenu à la Cité des Sciences et de l’Industrie à Paris et qui a donné lieu à la publication de l’ouvrage L’Éthique à l’épreuve des violences du soin, chez Érès dans la collection Espace Éthique, l’Association Questionner Autrement le Soin a ouvert à nouveau le débat sur la Violence dans les lieux de formation. Depuis quelques années, les étudiants en santé ont fait entendre – sur les réseaux sociaux essentiellement – leur souffrance quand ils sont malmenés par certains de leurs tuteurs, de leurs enseignants, de leurs co-étudiants ou par des équipes qui n’ont pas pris soin de les accueillir.

Les blogs et sites se multiplient où il est question de maltraitances subies par les futurs soignants comme les pressions psychologiques, sexistes, homophobes, racistes, les humiliations répétées, les violences physiques et le harcèlement sexuel ( voir : SOS SIHP Syndicat des internes des hôpitaux de Paris, Paye ta blouse, Vie de carabin, Asklepios, FNESI Fédération nationale en soins infirmiers, ESIOP Etudiant en soins infirmiers : osons parler, etc.).

D’autres violences ont été récemment  convoquées dans la presse, avec les fresques des salles de garde. Certes, ce débat pose la question de la censure et de l’ordre moral, mais il interroge aussi positivement, nous semble-t-il, la reconfiguration des relations hommes-femmes, et l’environnement sexualisé, érotisé de l’hôpital et de l’enseignement en médecine, sur un mode phallicisé.

Cette violence et ces pratiques pèsent sur chacun, garçons et filles, là où l’on pourrait croire dans le contexte actuel, que le débat porte uniquement sur les violences faites aux femmes. Car les femmes sont actrices de violences, c’est d’ailleurs repérable dans plusieurs des 130 témoignages qui ouvrent l’ouvrage Omerta à L’hôpital publié aux éditions Michalon par le Dr Valérie Auslender (plus de détails en fin de page).

Des jeunes hommes et jeunes femmes sensibles, et à haute exigence relationnelle et professionnelle ne devraient plus être laminés par des personnalités, des collectifs ou des organisations du travail qui ont abandonné tout souci éthique ou pour lesquels la violence est inhérente et nécessaire à la formation aux métiers de la santé.

Parce qu’on ne peut apprendre le soin en étant confronté à l’intimidation, au dénigrement, à la déconsidération devant les pairs et les patients, la vigilance éthique devrait porter aussi sur la reconnaissance et le combat de ces violences. C’est ce que proposait cette soirée qui était  ouverte aux étudiants en santé.

Déroulé de la soirée

La comédienne Christine Culerier lit au fil de la soirée des témoignages extraits de l’ouvrage Omerta à L’hôpital publié aux éditions Michalon

Introduction

par Catherine Le Grand-Sébille

Socio-anthropologue, enseignant-chercheur en faculté de médecine, vice-présidente de Questionner Autrement le Soin

Quand les étudiants sont victimes de ceux qui les forment

Valérie Auslender

Médecin généraliste attachée à Sciences Po, auteur du livre Omerta à l’Hôpital. Le livre noir des maltraitances faites aux étudiants en santé, paru en 2017 aux éditions Michalon.

Les conséquences des maltraitances sur les étudiants, mais aussi sur les patients

Gilles Lazimi

Médecin généraliste, maître de conférences en médecine générale, UPMC, Paris VI, membre du Collectif féministe contre le viol et de SOS femmes 93.

Comment mieux sensibiliser les futurs soignants aux violences faites aux femmes ?

Perrine Millet

Gynécologue obstétricienne, Maternité Groupe Hospitalier Montélimar, est à l’origine du D.I.U « Prise en charge des violences faites aux femmes, vers la bientraitance ».

Être confronté à la violence en arrivant dans un service. Quelle responsabilité des encadrants?

Philippe Halimi

Chef du service de radiologie à l’hôpital Pompidou à Paris, préside l’Association nationale Jean-Louis Megnien, du nom d’un cardiologue qui, fin 2015, s’est suicidé à l’HEGP.

Critique du dispositif d’enseignement en santé. Faire violence parce que l’on sait, faire violence par ce que l’on donne à savoir.

Charles-Édouard Notredame

Psychiatre, CHRU de Lille, Université Pierre et Marie Curie (Paris VI), Questionner Autrement le Soin

Débat

animé par Étienne Seigneur

Pédopsychiatre et Docteur en psychopathologie et psychanalyse, Centre de Recherches Psychanalyse, Médecine et Société, Université Paris Diderot et Questionner Autrement le Soin, a animé le débat qui suivait les communications.

Plusieurs étudiants animateurs de blogs y étaient conviés, comme Sabrina Ali Benali ainsi que Raphaëlle Jean-Louis, infirmière, auteur et réalisatrice ; et Isabelle Ménard, cadre de santé et formatrice en IFSI, comme discutante.

Pour en savoir plus…

ÉCOUTER LE PODCAST DE L’ÉMISSION « LES DISCUSSIONS DU SOIR » DE FRANCE CULTURE SUR L’OMERTA À L’HÔPITAL (44 min.)